top of page

Benoît XVI s’en est allé ce 31 décembre, avec l’an 2022.


Il est parti rejoindre Celui qu’il a servi tout au long de sa vie. Que le Seigneur soit remercié de nous l’avoir donné. Comme chaque être humain, il a donné ce qu’il a pu, dans les limites de ce qu’il était et malgré ses fautes pour lesquelles il demande pardon dans son testament spirituel publié le soir de sa mort. En honnête et humble serviteur, il a, selon l’hommage d’Emmanuel Macron, « œuvré pour un monde plus fraternel ». N’est-ce pas ce que nous avons chacun à faire ?

Je retiendrai de Benoît XVI un homme de bonne foi, un humble serviteur – qui ne voulait pas être pape – un homme inquiet de l’évolution du monde et de l’Église – il y a de quoi. Il fut un grand théologien plus qu’un pasteur proche des foules De ses nombreuses publications, je pointerai sa première encyclique, Dieu est amour, un bijou théologique qui nous rappelle l’essentiel de l’héritage chrétien.

Le pape défunt a affronté, avec courage et surtout dans la foi, les dossiers difficiles de l’Église à l’heure actuelle : la mise en ordre de la Curie, l’assainissement des finances de l’Église, la question douloureuse des abus sexuels et de la pédophilie. Il a traité cette dernière avec fermeté et a été le premier à la regarder en face : « Le pardon ne remplace pas la justice », a-t-il pu dire. Il a aussi souligné l’importance de la question écologique, mais c’est passé inaperçu. Le pape François développera ses idées dans Laudato si’. Quand il ne s’est plus senti la capacité d’affronter ces questions, il a fait passer le bien de l’Église avant tout et présenté sa démission. L’Histoire retiendra cette liberté spirituelle.

Était-il un conservateur ? Ce mot n’a pas le même sens selon la bouche qui le prononce. Je dirais plutôt qu’il a été une voix qui rappelle l’essentiel, mais avec des accents parfois datés à nos yeux. Trop timide, il ne fut pas l’excellent communicant que les médias aiment. Ses maladresses – Ratisbonne, la question du préservatif, sa tolérance pour la messe préconciliaire – ont bien été exploitées par eux. Il n’a certes pas franchi tous les obstacles avec brio, mais il était une figure de la complexité de notre époque ainsi que de la crise que traverse l’Église et que François prend aussi en plein visage. Je n’opposerai pas trop facilement ces deux hommes. Ils ne sont que le 265e et 266e pape. Selon leur époque et leurs dons, ils apportent leur touche à l’histoire de l’Église. Celle-ci sera toujours un tableau inachevé.

De son testament, je retiendrai son interpellation à ses compatriotes, mais qui nous concerne tous : « Restez fermes dans la foi ! »

Charles Delhez sj

Comments


bottom of page