Je suis inquiet. Noël approche, fête de l’enfant qui naît, celui d’il y a 2000 ans, Jésus, ceux d’aujourd’hui et de toujours. Mais dans notre société, l’enfant est tout autant une question qu’un cadeau. Faut-il encore en avoir ? Et, quand il s’annonce, est-on tenu de l’accueillir ?
Chaque enfant qui ne naît pas diminue notre empreinte carbone ! C’est une évidence. Mais on oublie d’ajouter : toutes choses étant égales par ailleurs. La baisse de la natalité n’est pas le seul levier pour réduire notre nuisance ! Consommer moins de viande ou réduire nos déplacements en avion, favoriser le covoiturage et les transports publics, ne pas accumuler les gadgets technologiques sont autant d’autres pistes…
Si on ne fait plus d’enfant, pour qui se bat-on ? Les parents ont toujours travaillé pour l’avenir de leurs enfants. Laissons à la conscience de chacun le choix du nombre d’enfants et ne culpabilisons pas les plus généreux, sans bien sûr renoncer à une parentalité responsable. Le poète hindou Rabindranath Tagore, Nobel de littérature au début du siècle dernier, a cette belle maxime : « Chaque enfant qui naît est le signe que Dieu n’est pas découragé au sujet de l’homme. »
La question de l’avortement est de la même constellation. “L’avortement restera toujours un échec et un drame ”, avait clamé Simone Veil en présentant son projet de loi , ainsi que nous le remet en mémoire l’émouvant film Simone, traversée d’un siècle. Quel chemin depuis ! La France s’apprête à insérer le droit à l’avortement dans sa constitution et la Belgique s’interroge.
Même si j’étais favorable éthiquement à l’avortement et que je ne considérais pas l’enfant dans le sein de sa mère comme déjà un être humain, architecte de son propre devenir, je ne pourrais concevoir de faire de l’avortement un droit constitutionnel. Un drame et un échec ne seront jamais un droit, mais ce que l’on tente d’éviter. Une constitution dit à sa manière l’idéal dont un peuple cherche à se rapprocher.
Qu’il ait fallu encadrer cette réalité trop souvent vécue dans la clandestinité, redoublant ainsi le drame, on peut le comprendre. Mais cela n’en demeure pas moins un échec pour l’enfant qui disparaîtra ainsi que pour la mère, qui souvent en sera douloureusement marquée et parfois pour longtemps.
L’égalité homme-femme est un des arguments entendus en faveur du droit constitutionnel à l’avortement. Mais égalité est-elle synonyme d’identité ? Le statut procréatif de la femme restera toujours différent de celui de l’homme. C’est un fait. À nous de lui donner un sens et d’y éduquer les générations qui nous suivent. Un autre argument pointe que la grossesse et la maternité font peser de lourdes charges physiologiques, psychologiques, sociales sur les femmes[1]. Encore un fait. « La maternité est une brisure définitive de l’égoïsme, une école du don », répondrait Laurence Aubrun, auteure d’Enceintes[2]. Peut-on ignorer le droit à l’autonomie en matière de procréation ? se demandent encore certains. Mais n’est-il pas heureux qu’un enfant se fasse à deux, dans le dialogue, et non de manière autonome ?
C’est bien sûr un idéal que je dessine ici. S’il ne faut jamais juger quelqu’un qui ne l’atteint pas, peut-on pour autant faire de nos manquements un droit constitutionnel ?
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