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Le choix de l’espérance


Charles Delhez sj –




Il est de coutume, la première fois que l’on rencontre quelqu’un dans les premiers jours de l’an, de lui présenter ses vœux. Je ne dérogerai pas à la tradition : à tous ceux qui m’écoutent, je souhaite le meilleur et, à notre monde, quelques rayons de lumière.

L’auriez-vous remarqué, beaucoup de formules de vœux cette année ont un ton inquiet. Le discours de Noël du roi Philippe débutait par ces mots : « Cette année encore, nous vivons des temps sombres. » Notre société est en panne d’espérance. Un symptôme fort est l’augmentation du nombre de femmes qui ne veulent plus avoir d’enfant. Elles sont 30% chez nos voisins français. Or, « chaque enfant qui naît est un miracle qui sauve le monde en y introduisant du neuf », professait Annah Arendt, cette juive qui a beaucoup médité sur l’Holocauste.

« Je suis inquiet», disait Hubert Reeves en son temps. Moi aussi. L’inquiétude n’est pas la peur, qui fait fuir, ni l’angoisse qui mine le quotidien, mais une attitude de vigilance qui appelle à l’espérance, c’est-à-dire à actionner le levier qui est le nôtre là où nous sommes. Face à la peur et l’angoisse qui découragent et paralysent, et finalement à la violence, nous pouvons opposer une force vitale, disait encore le roi Philippe : la force de l’espérance.

Espérance et espoir ne sont pas à confondre. J’espère que je réussirai ceci ou cela, dit-on quand on parle d’espoir. Quand on parle d’espérance, le verbe est sans complément. L’espérance est un mouvement qui traverse nos espoirs déçus, une dynamique enracinée en nous. Elle vise un futur que je ne peux définir, qui ne dépend pas totalement de moi, mais pour lequel je décide de m’engager dans le présent. « Quand l'espérance m'a déçu dans un de mes espoirs, je ne puis plus être fidèle à cet espoir, il me reste à être fidèle à l'espérance », écrivait le philosophe Karl Jaspers. L’espoir meurt, l’espérance demeure.

La désespérance est souvent un manque d’imagination. Ne pourrait-on en effet pas vivre autrement que maintenant puisque tout le monde s’accorde à dire que cela ne va pas et que cela ne peut plus durer ? Dans son livre Le naufrage des civilisations (2019), Amin Maalouf affichait aussi son inquiétude. Mais il ajoutait : « Je suis persuadé qu’un sursaut demeure possible. Il m’est difficile de croire que l’humanité se résignera docilement à l’anéantissement de tout ce qu’elle a construit. »

Cette espérance a besoin d’un socle. Hannah Arendt, encore elle, estimait, à propos des criminels nazis, que s’il y a un « mal extrême » il n'y a pas de « mal radical». C'est le bien qui est radical, telle est notre espérance. Nous avons été créés « à l’image et à la ressemblance de Dieu », dit la Bible. Pas moins. C’est parce qu’il y a à la racine de notre être, l'idée de bien que nous pouvons voir ce qui est mal. Cette idée non seulement nous permet de nous révolter, mais elle nous y invite.

L’Espérance, expliquait le roi, est une énergie que nous puisons au fond de nous-mêmes et qui grandit quand on s’engage. Les enfants en sont habités, ils ont un regard d’emblée « optimiste ». Ils font confiance. Pour 2024, je formule le vœu que nous retrouvions au plus profond de nous-mêmes cet enfant que nous avons été et que nous osions croire en demain. Mais cela suppose notre engagement. Bonne et heureuse année !


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