top of page

Quelle réponse au mal ?


Charles DELHEZ, S.J. —

Question radicale que le mal et la souffrance. « Mes frères, l’instant est venu. Il faut tout croire ou tout nier. Et qui donc parmi vous oserait tout nier ? », proclamait le père Paneloux dans La Peste de Camus. La Bible prend au sérieux cette question, quitte à aller jusqu’au bord du blasphème. Les 42 longs chapitres du livre de Job sont un cri face à l’incompréhensible acharnement du sort. Le mal existe, il n’est pas qu’une apparence, comme le pensaient certains philosophes de l'Antiquité. Il est une douloureuse réalité. Nous en sommes parfois la victime, parfois l'auteur, parfois les deux.

Pourquoi moi, pourquoi celui, celle que j’aime ? Le bouddhisme dirait : «Va voir du côté des existences antérieures. » C’est la loi imperturbable du karma. Jésus, lui, préfère ne pas répondre. « Est-ce lui ou ses parents qui ont péché ? » (Jn 9, 2). « Dieu fait pleuvoir sur les bons comme sur les méchants », proclame-t-il (Mt 6, 45). La pluie n’est donc pas une punition ! En regardant le Crucifié du mont Calvaire, c’est à n’en plus douter : la souffrance et la mort ne sont pas la sanction de nos fautes, la rétribution du péché.

Sur la croix, selon Marc et Matthieu, Jésus s’est écrié : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Il cite le psaume 21. Plus forte que tout, pourtant, il y a une espérance. Au cœur de ce psaume, cette petite phrase : « Et tu m’as entendu ! » Jésus a donc eu raison de remettre son esprit entre les mains de son Père, comme le rapporte Luc. Au matin de Pâques, en effet, la tombe était vide et ouverte. La mort a livré passage. La souffrance est devenue douleur d’enfantement. Dieu n’a pas dit son dernier mot, il consolera ceux qui pleurent. Nous ressusciterons avec Jésus.

Nous ne trouverons jamais l’explication dernière du mal et de la souffrance. La réponse chrétienne est que Dieu la partage, qu’il en souffre lui-même. Il n’y est pour rien, il est aussi piégé que nous, il « n’est pas équipé pour comprendre le mal », affirme Raphaël Buyse. « Si les hommes savaient que Dieu souffre avec nous et bien plus que nous de tout le mal qui dévaste la terre, bien des choses changeraient sans aucun doute, et bien des âmes seraient libérées », professe Jacques Maritain.

« Le mal, c’est ce qu’on se décide à combattre quand on a renoncé à l’expliquer », disait Paul Ricœur. Et ce combat nous provoque à la solidarité. Alors que tout nous invite à l’individualisme, la souffrance ne serait-elle pas une occasion à saisir ? Le mal cherche à nous isoler, la foi nous rassemble autour du Christ pour ce combat dont il nous promet l’heureuse issue, grâce à Dieu.

Le mal et la souffrance nous donnent l’occasion d’aimer, mais ce n’est pas Dieu qui les a créés. Il a autre chose à faire ! Ce qu’il a créé, c’est un être humain capable d’aimer même dans les situations les plus extrêmes.

Nous sommes souvent obnubilés par nos petites misères, nous plaignant tout au long du jour. Nous croyons volontiers que la charge la plus lourde a été réservée à nos épaules. Serons-nous assez libres pour écouter le cri des autres et aller à leur rencontre ? Le jésuite Jacques Sommet, rescapé de Dachau, a pu écrire : « La liberté c’est la capacité que j’ai d’entendre l’appel de l’autre. » Ainsi l’amour sera définitivement victorieux.





Коментари


CONTACT

ACCUEIL

NEWSLETTER

Permanence au presbytère

les mardis et vendredis
de 10h à 12h

Inscrivez-vous ici

à la Newsletter hebdomadaire

de la paroisse 

Rue de l'Invasion 121

1340 Ottignies

010/45.03.72

paroisseblocry@yahoo.fr

bottom of page