Heureuse initiative du pape François que de lancer cette consultation synodale dans toute l’Église. Audacieuse aussi, car cette Église est immense, à vitesses différentes selon les pays et les continents, en décroissance ici ou en croissance là-bas. Chez nous, elle est confrontée au vieillissement, à la diminution des fidèles, au manque de bénévoles, à l’absence de jeunes, à la panne de transmission. Elle se réduit trop souvent à la distribution des sacrements. Et ses célébrations y sont parfois si ennuyeuses. Tout ceci ressort de la synthèse belge qui sera présentée à Koekelberg ce 9 octobre au cours d’une après-midi de célébration et de rencontre.
Ce document de 8 pages ne pratique pas la langue de buis. Heureusement ! J’ai pu y retrouver ce que j’avais entendu dans les différents groupes que j’ai accompagnés. Pas question de restauration. Il est de toute façon trop tard. La question est celle de la transition vers un tout autre modèle d’Église. Car il ne s’agit pas moins que de renaître, si l’on ne veut pas disparaître.
En période de crise interne et de sécularisation de la société, l’Église ne semble plus trouver sa place chez nous. On perçoit dès lors dans ces lignes davantage de déception que d’enthousiasme. Entre les lignes cependant on peut lire aussi l’amour de cette vieille institution de la part de tous ceux qui ont répondu à l’invitation de François. Hélas, il y a aussi tous ceux qui n’ont pas répondu. La lettre de 200 jeunes qui se sont abstenus et qui plaident davantage pour une restauration a fait du bruit.
Plusieurs appels pressants ressortent de ce texte, et notamment ce cri : « Donnez-nous des prêtres, permettez-nous de célébrer l’Eucharistie ! » La crise du modèle sacerdotal est en effet évidente. À quand des gens mariés reconnus comme pasteurs de leur communauté et présidents de l’Eucharistie ? Quand les femmes auront-t-elles plus de place dans l’Église, pour son gouvernement, et dans les célébrations, pour leur présidence ? L’ordination des femmes est en effet une demande qui revient sans cesse et celle de gens mariés, une quasi évidence. Un appel est fait aussi à ce que tous les pouvoirs dans l’église ne soient plus concentrés en une seule personne.
Par ailleurs, le rapport de l’Eglise à la société sera toujours en tension. Comment trouver l’équilibre entre le prophétisme, qui suppose une distance critique, et la proximité qui permet de rejoindre les gens là où ils sont ? Jésus y avait réussi. Son langage n’était pas du genre culpabilisant, mais exigeant. Ce fut au prix de sa propre vie.
Un des problèmes non évoqués ne serait-il pas celui de la cohérence entre le message que nous portons et ce que nous en vivons en fait ? Les chrétiens ne sont-ils pas confinés dans un même milieu, plutôt aisé, même s’il y a beaucoup d’initiatives à l’endroit des pauvres.
Bref, il y a à faire. Heureusement, des bourgeons d’avenir apparaissent ici ou là, mais il manque de gens qui y croient et sont prêts à s’y engager plus à fond. Aux yeux de beaucoup de chrétiens eux-mêmes, en effet, Dieu ne semble plus une priorité. Nous sommes tous tellement occupés ailleurs… Souvenons-nous des bâtisseurs de cathédrale : ils n’ont pas tous vu la réalisation de leurs rêves, mais ils y ont travaillé !
Charles Delhez sj
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